L’homme n’est grand que dans la paix

 
FICHE DU LIVRE : 
Juillet 2020
Auteur : Cheick Oumar Sissoko
Titre : L’homme n’est grand que dans la paix
Coédition avec les éditions EBEMA et les Éditions du MANDÉ
64 pages 5 €
ISBN : 978-2-917486-665

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L’homme n’est grand que dans la paix. Il faut tuer la guerre !

 

Salif KEITA (Extrait de la préface) :

    [...] Parce qu’il est difficile voire impossible pour quiconque aime son pays et son Peuple de se taire devant tant d'humiliations, tant de crimes et de mensonges de la classe politique et de l'armée française sur notre sol. Il est tout aussi difficile de se taire devant l'abandon de souveraineté de l’État du Mali et le mutisme de la classe politique malienne.
    [...] Pour me discréditer, une campagne orchestrée par les Autorités françaises tente de faire croire aux opinions publiques que je suis anti-français et travaille à propager ce sentiment au Mali et au Sahel. Quelle allégation fallacieuse! Les faits sont éloquents: tout mon parcours, mes liens familiaux et mon réseau relationnel montrent que, comme la quasi-totalité des Maliens, je ne suis pas anti-français et ne l’ai jamais été. Il est de notoriété publique que mes enfants sont Français et que beaucoup de Français aussi comptent parmi mes meilleurs amis.
    [...] Nos États sont mis sous tutelle, vassalisés. Nos dirigeants, dociles, béni-oui-oui, se mettent à plat ventre devant la France et les autres puissances étrangères alliées dans cette entreprise de recolonisation sauvage.

 

Cheick Oumar SISSOKO :

    [...] Comment nous en sommes arrivés là ? nous Peuples du Sahel à l’histoire pétrie des valeurs de solidarité, d’amour, de tolérance et de respect de notre riche diversité culturelle. Elle nous taraude tellement l’esprit, cette question, que nous n’en dormons plus. En fait nous sommes désemparés de ne pas pouvoir imaginer des solutions de sortie de crise. Terrible situation !
    [...] en plus des certitudes déjà établies sur l’existence et l’immensité de richesses du sous-sol sahélien et saharien, dont certaines sont connues depuis la période coloniale, les nouvelles technologies révèlent que tout notre territoire national possède un sous-sol aux potentialités minières, hydrauliques énormes, fabuleuses que la France convoite et qu’elle ne veut pas céder aux autres pays très présents au Mali : la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil, la Turquie et l’Afrique du Sud, pays émergents aux dents tout aussi longues pour dépecer nos pays. Ne céder ni les terres, ni les marchés, ni les produits du sous-sol, ni l’immense étendue d’eau douce sous le Sahara et encore moins la base stratégique de Tessalit, qui permet de contrôler les routes maritimes des mers et océans autour de l’Afrique, plus d’autres régions riches de ce continent comme l’Afrique centrale, voilà les objectifs de la France néocoloniale et du capital financier international en perte de vitesse [...]
    [...] Au 19e Siècle, le développement du capitalisme avait eu ses exigences: trouver, après la traite négrière, des marchés et des matières premières. La mission «civilisatrice» de l’Europe et de l’Église, argument fallacieux pour tromper leur opinion publique, a conduit dans le feu et le sang la politique de colonisation de nos terres. Au 21e Siècle, le déclin des anciens empires coloniaux a aussi ses exigences: maintenir en Afrique, devenue le coffre-fort du monde de par ses potentialités, leurs « PROPRIÉTÉS DE FAIT », et dessiner une nouvelle géopolitique. La nouvelle mission, cette fois «humanitaire», est en train de conduire, comme la première mission, dans le feu et le sang leur politique de recolonisation qui passe par la stratégie du chaos mise en place depuis la fin du 20e siècle. [...]
    [...] Le Peuple du Mali, mobilisé partout, et debout sur les remparts, peut et doit:

a) Faire la mise en demeure à la France, aux Nations unies, au Qatar, à la Mauritanie et à l’Algérie devenue amnésique, d’arrêter leurs jeux de soutien aux rebelles qui font corps avec Iyad Ag Ali, et ils le savent.

b) Exiger la transparence sur les dépenses militaires, les équipements militaires, les recrutements de soldats. La Société civile et l’Assemblée Nationale doivent y veiller.

c) Exiger la révision sur le territoire Malien de l’Accord d’Alger, le désarmement et le cantonnement des rebelles, et, bien sûr, la révision du Traité de coopération en matière de défense avec la France. Nous avons certes besoin d’aide et de soutien militaire, mais nous n’avons pas besoin des bases militaires étrangères sur notre sol. Nous avons un État qui doit s’assumer. [...]
    
    Dans la lettre ouverte Cheick Oumar Sissoko mentionne une autre figure importante de l’Histoire de l’Indépendance du Mali : Modibo Keita qui déclarait le 21 août 1964, lors d’une conférence de presse : « Nous sommes persuadés que ce qui sera mortel pour l’Afrique, donc pour nous tous, ce sera le développement de l’intervention étrangère. Or, nous savons qu’aucun peuple ne peut accepter d’être humilié, de se sentir chaque fois sous la domination d’une puissance étrangère, d’un autre peuple. C’est le cas actuel du Congo. Personnellement, je dois vous dire que je suis très inquiet de cette situation, non seulement pour le Congo lui-même, mais aussi pour les États voisins et plus tard pour nous tous ».


Cheick Oumar Sissoko s’adressait à Emmanuel Macron dans une lettre le 8 déc. 2019

Monsieur le Président de la République française,
    Vous vous offusquez des voix africaines qui s’élèvent contre votre État dans la partition qu’il joue dans la tragédie que les populations du Sahel vivent. Vous exigez de vos homologues africains qu’ils fassent taire ces voix, au moment où l’expression plurielle des Français se fait entendre dans vos rues contre votre politique. Cette liberté chèrement acquise par le Peuple de France vous contraint au dialogue avec la société civile. La société civile africaine selon votre philosophie de ce continent ne mérite que la chicotte comme sous le colonialisme. [...]
    [...] Les dirigeants français et européens manquent-ils de vision et d’intelligence? Ils ne comprennent toujours pas le mieux qu’ils peuvent tirer de bonnes relations avec notre continent assurément le plus riche et le plus proche de vous par la culture et la distance. Vous avez les finances, la science et les technologies dont nous avons besoin. Nous avons les ressources humaines (70% de nos populations ont moins de 35ans), la terre, l’eau et d’énormes potentialités dans le sous-sol toutes choses qui font de notre continent le coffre-fort du monde
Comment ne pouvons-nous pas coopérer dans des échanges mutuellement avantageux et dans le respect de l’un et de l’autre. Nous ne sommes plus en 1885. [...]

 

de Jean Ziegler (Extrait de la postface) :

    [...] Cheick Oumar Sissoko fut un des leaders majeurs de l’insurrection populaire des journées de mars 1991 qui renversa le régime dictatorial du Général Moussa Traoré et permit l’avènement de la démocratie au Mali. C’est lui qui prit alors l’énorme risque physique de filmer avec une équipe de cameramen les événements émaillés de massacres perpétrés par le pouvoir. Il réunit les associations et organisations démocratiques à la Bourse du Travail à Bamako (le vendredi 22 mars à 12h ) pour créer un front uni afin de faire face collectivement et avec efficacité à la répression sanglante. Son initiative aboutit à la création de la « Coordination des Associations et Organisations démocratiques », qui devint, par la suite, la composante essentielle du CTSP (Comité de Transition pour le Salut du Peuple), l’organe dirigeant du Mali jusqu’à la mise en place des nouvelles institutions suite aux élections libres et démocratiques tenues en juin 1992. [...]
    [...] Cheick Oumar Sissoko nous adresse dans la Lettre un message de colère mais à la manière d’un homme d’État. Je m’y retrouve dans ce cri comme son frère de l’âme. Il persévère et continue de défendre contre vents et marrées l’idée de démocratie, les principes régulateurs de la véritable république et les droits de l’homme malgré l’expérience amère de l’histoire, parsemée de crimes, de racisme, de mensonges, de duperies politiques, de cynismes et de brutalités. [...]
    [...] Dans ces conditions les pays africains souverains au sous-sol richissime, pourraient faire jouer la concurrence et ne vendre leurs matières premières qu’aux plus offrants. C’est pourquoi, la France, l'Europe et son allié les USA estiment qu’ils doivent utiliser la violence armée pour se repositionner dans leurs anciennes zones d’influence et en acquérir de nouvelles afin d’en contrôler l'accès, décider des conditions d’exploitation et s’offrir des marchés préférentiels et des situations de rente garanties
    Pour les Africains démocrates, ce sont des opérations de reconquête coloniale et des agressions néocolonialistes aux conséquences dévastatrices. [...]


* Co-édition : Éditions EBENA, Éditions À plus d’un titre, Éditions du MANDÉ.
avec le soutien de :
Écosociété,  Éditions Yves Michel,  Éditions HOP-FROG,  % attac, afrique-europe-interact (ae act) et Forum Civique Européen.