DE 1956 AUX ANNÉES 70 
VERS LA FIN DE L’HÉGÉMONIE DU PARTI COMMUNISTE SUR LA GAUCHE FRANçAISE
                                
    « Quand j'ai fait mes éditions… Je pensais qu'il fallait donner à lire, donner à voir. Mettre en question. Et que les lecteurs étaient assez grands pour comprendre et choisir. Ma responsabilité personnelle s'exerçait d'abord, bien sûr, dans mon choix d'éditeur, et j'en ai toujours répondu. Mais j'avais le respect du lecteur en l'estimant capable de juger sur pièces. Des pièces que souvent, justement, nul autre éditeur ne lui donnait. Avais-je trop ce respect ? Je n'ai jamais réussi à faire comprendre cette attitude qui voulait conjuguer ma propre responsabilité, et celle du lecteur. »

                                                       François Maspero  Les Temps modernes 1990


  











 


     Après Budapest en 1956, la rupture de la Chine puis de l’Albanie avec l’URSS, le rapport Khrouchtchev sur Staline non reconnu par la direction du PCF, l’attitude ambigüe du Parti par rapport à l’indépendance de l’Algérie… des craquements se font sentir à l’intérieur ; c’est principalement au sein de l’Union des Étudiants Communistes (UEC) que naîtront les tendances contestataires, dont certaines seront parties prenantes de la naissance de mouvements d’extrême gauche par la suite : Ligue Communiste, Parti Communiste Marxiste Léniniste, Gauche Prolétarienne… Et dont d’autres,  plutôt sur la ligne du Parti Communiste Italien continueront le débat de l’intérieur encore quelques années, tout du moins ceux qui ne sont pas exclus...

    Dans le même temps, le camp socialiste vit le désaveu de la politique suivie par la SFIO sous la IV République, en particulier la guerre d’Algérie. Nombre de militants chercheront alors d’autres issues que l’on verra naître entre autres au Parti Socialiste Unifié (PSU) en 1960 et plus tard sur un autre registre à la Fédération de la Gauche Démocrate Socialiste (FGDS) de François Mitterrand, puis au Parti Socialiste actuel.

    L’époque est donc à la prolifération des débats théoriques, en lien avec la situation politique et sociale, nationale et internationale, avant et après 1968 ; on relit Marx, Engels, on vit le renouveau des idées libertaires, on se replonge dans Rosa Luxemburg, on découvre Mao, Castro, le Che, on interroge le marxisme avec Althusser et on explore des terrains comme le féminisme, l’antipsychiatrie, l’éducation, la culture, l’écologie, tous thèmes ignorés ou laissés de côté au nom de la centralité de la classe ouvrière prônée par le PCF…

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