CUBA
1959 UNE IDÉE NEUVE POUR LA RÉVOLUTION
                                                           
    « Dans les années soixante, on ne venait pas à La Havane pour chercher la douceur de vivre, mais attiré par l’idée que, peut-être, dans cette révolution toute neuve, on trouverait pour l’humanité une autre manière de vivre. »
                    
                                                                                    François Maspero Transit & Cie










1965 Le Che est parti de Cuba


 
    Une poignée de jeunes gens avaient entrepris en 1959, comme l’a écrit Régis Debray, de « réinventer la révolution » et le peuple cubain les avait pris au mot : en 1963, réforme agraire, nationalisations, alphabétisation, éliminations de la corruption et de la dépendance, tout cela avait un sens, méritait d'être défendu et dessinait un avenir que l’on pouvait sentir à portée de main et non seulement à portée de rêve. Le choix entre la violence de l’économie de marché américaine et la violence de la coercition soviétique n’était plus la seule alternative. 
    Le Che est parti de Cuba en 1965, parce qu’il a eu des divergences politiques avec Fidel Castro. 
    Il cherchait à vaincre les difficultés en fonction d’un but immuable : la nécessité de changer une réalité, celle de l’inégalité imposée aux peuples d’Amérique latine, “las”, suivant ses propres termes, « d’être opprimés, persécutés, exploités à l’extrême ». Fidel, certes, ne parlait pas autrement. Mais, sous le discours, il érigeait son maintien au pouvoir comme condition absolue de la réalisation de ce but, remplaçant tout bonnement, à son profit, la fin par les moyens.

1967 Le Che est exécuté en Bolivie

    Le Che, terrible empêcheur de tourner en rond, gênait tout le monde. Pour Washington, ses mises en cause radicales de l’ordre planétaire étaient un intolérable danger pour le maintien de la domination américaine : il était l’homme à abattre. Pour Moscou, lorsque, après cinq ans d’expérience, il en est venu à remettre également en cause les paradis socialistes, auxquels, de toute évidence, il avait longtemps cru, il est devenu également l’homme à abattre. Le Che est allé en Bolivie pour des raisons politiques, la guérilla étant pour lui, de par son expérience, la continuation de la politique par d’autres moyens et, dans la situation donnée, le seul moyen politique d’atteindre le but poursuivi. 
    Deux ans avant son exécution physique en 1967 en Bolivie, le Che a fait l’objet d'une liquidation politique. De la première découle la seconde. Si le Che a été tué en Bolivie, c’est parce qu’il y a eu, finalement, un consensus pour tuer le projet dont il était porteur et qui l’avait conduit là. 

                                                        François Maspero Extraits de la préface 
                                                        Che Guevara, photos de René Burri.

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