çA TOURNE
 
FICHE DU LIVRE : 
Septembre 2008
Auteur : Yves Neyrolles 
Titre : ça tourne !
Couverture : Photographie de Yves Neyrolles 
Conception Graphique : 
Mon Artiste est un Boucher
264 pages 19 € 
ISBN : 978-2-91748-603-0
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Extrait...


« Enfant, j'eus souvent à m'entendre rappeler la précocité de l'éveil d'un de mes frères aînés. Depuis la maison qui, de l'autre côté de la route nationale, faisait face à l'usine, nous avions constamment sous les yeux cet escalier de bois, appuyé au mur extérieur du premier atelier, ainsi que la grosse poulie et sa courroie. Ce frère aîné — Marc, Jean ou Jean-Édouard? Il me semble que c'était Jean, "le petit Jean", nous verrons plus tard — avait pris très tôt l'habitude de s'exclamer, avec enthousiasme : Toun'! ou avec regret : Toun' pas!
Ce qui, aux yeux de mon père, que son entourage appelait tantôt Henri, tantôt Fabius, était sans doute le signe précurseur d'un vif intérêt pour l'usine et la certitude qu'un de ses fils assurerait le relais, comme lui-même avait su reprendre l'outil légué par son père, Félix, qui le détenait lui-même du sien, Jules Dupuis, le fondateur, venu d'un plateau du Jura, à la fin du Second Empire, chercher meilleure fortune dans cette vallée de l'Ain, en se métamorphosant de paysan sans terre — il était né le dernier ou le presque dernier d'une ribambelle d'enfants — en artisan tourneur sur bois.
L'opération qui déclenchait la mise en route, pour la matinée ou pour l'après-midi, de toute l'usine, demandait beaucoup de force physique. Il fallait être déjà grand pour attraper la tige et, de tout son poids et de la puissance de ses bras, l'obliger à descendre.
En revanche, l'opération inverse était un jeu d'enfant: il suffisait d'enlever la goupille qui retenait la tige, laquelle aussitôt repartait vers le haut — en vous emportant avec elle —, de remettre la goupille dans les trous et de se laisser choir sur le plancher.

À partir du moment où je pus "aller à l'usine", occasions exceptionnelles durant toute ma petite enfance, tout le monde disant que c'était trop dangereux, je crois qu'il me fut accordé d'abord "d'arrêter" le travail avant d'être jugé apte à le "lancer".

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